Le banc de Charlotte Perriand

Banc de Charlotte Perriand – Inspiration Uphile

Il y a quelques années, dans un appartement parisien baigné dans une lumière de fin d’hiver, je me suis assis sur un banc. Un banc de bois brut, très bas, usé, simplement posé là, support à quelques objets. C’était un meuble signé Charlotte Perriand, mais il n’avait rien d’ostentatoire.

Aucun cri, aucune pose. Juste un plan de traverses assemblées, traversées de nerfs discrets, porté par des pieds courts. J’ai posé la main dessus, presque sans y penser. Et j’ai ressenti quelque chose d’inhabituel.

Il y avait dans ce meuble une paix ancienne, une autorité simple et silencieuse. Il ne cherchait pas à plaire. Il était là, et c’était assez. Ce jour-là, je me suis souvenu que l’humilité peut être une forme de grandeur.

Je repense souvent à ce banc. À sa justesse. Il n’expliquait rien, il ne racontait rien. Il était le contraire d’un objet bavard. Il accueillait. Il attendait. Comme le bois peut le faire, parfois, quand on le laisse parler doucement.

Il m’arrive de chercher cela, aujourd’hui, dans mes propres créations. Un équilibre élémentaire. Un objet qui ne s’impose pas, mais qui tient sa place. Une lampe qui ne dit pas : « Regarde-moi » mais plutôt : « Je suis là si tu veux ».

Ce banc reste en moi comme un repère. Une leçon donnée sans parole. Je n’en fais pas un modèle, je ne copie pas. Mais il m’apprend à chercher l’essentiel, sans me perdre dans l’effet.

Le bois, lui, sait déjà tout cela. Il connaît la simplicité. Il connaît le silence. Il connaît la lumière. Il suffit peut-être de l’écouter.